Palais Longchamp - Marseille
Septembre 2011
Direction musicale : L. Selmi et P-L. Landais
Mise en scène : K. Laleu
Avec :
Don Giovanni : L. Arcaro / C. Rovery
Leporello : P. Moiroud Scarami
Donna Elvira : V. Altaver
Le Commandeur - Masetto : R. Talaïa
Donna Anna : L. Pessey
D. Ottavio : N. Xerri
Zerlina : M. Clément
ITV France 3 : Cliquer ici
Costumes : Manoukian / Cyrillus
Maquillage : Andrea Ardito
NOTE D'INTENTION
Il y a
autant de « Don Juan » qu’il existe d’œuvres autour du personnage… Et
la liste est sans doute aussi longue que celle de son catalogue. Notre projet a
la singularité d’en regrouper trois : celui de Molière, celui de Tirso de
Molina et celui de Lorenzo Da Ponte mis en musique par Mozart.
En
choisissant le découpage des textes de notre Don Giovanni, j’ai tenu garder la structure de l’opéra tout en
mettant en valeur deux thèmes communs aux trois œuvres et qui me touchent
particulièrement : la liberté et le désir.
Don Juan,
homme libre.
C’est ce qui
le rend terriblement attirant. Un homme
sans limite fascine, parce qu’il nous renvoie à nos propres limites, nos
contraintes, nos enfermements, tout ce dont nous aimerions être libérés.
Lui les
repousse. Il remet en cause toutes les normes établies de la société, balayant
les règles de bienséance… Que ce soit le
mariage, la fidélité, la vertu de la virginité, l’honneur, la religion et la
foi en un dogme, le rituel de la cérémonie funèbre… Il fait tomber les masques.
Le masque de l’hypocrisie : celui qui consiste à appliquer une norme commune
sans en ressentir un besoin individuel ; celui qui consiste aussi à utiliser
ces normes comme instrument de pouvoir, de domination. Parce qu’il a fait ce
chemin, il connaît profondément l’âme humaine et ne collabore pas avec ses
compromis.
Il les
refuse en bloc, ainsi que toute soumission.
Cherchant
sans cesse à démontrer l’absurdité de ces lois, il devient hors la Loi…
Mais de
fait, pas par idéologie.
Il serait
sans doute prêt à renoncer à une part de sa liberté à condition d’y trouver un
sens. Ainsi, il se confronte régulièrement avec les raisonnements de son valet,
Leporello, miroir de la pensée sociale.
« Qu’as-tu
à dire là-dessus ? »… Mais Leporello est souvent sans voix, il
« ne sait que dire ».
Alors la
course reprend, la quête d’une limite évidente, d’un adversaire à sa taille… Et
il le trouve.
La mort.
Don Giovanni
en a conscience dès le lever de rideau (le thème est développé par Mozart dans
son ouverture). Chaque intervention de la statue du Commandeur lui rappelle cette réalité sans appel,
entière, fatale. Même s’ « il y a bien quelque chose là-dedans qu’il
ne comprend pas », « cela n’est pas capable ni de convaincre son esprit,
ni d’ébranler son âme » pour l’amener à changer de vie. Jusqu’au bout il reste
fidèle et loyal à sa Foi. Il doit renoncer à sa liberté, mais il est
« prêt », entier et digne, à la hauteur de cette rencontre.
C’est cette
conscience de la mort qui l’entraîne dans cette course effrénée vers le désir.
Comme pour Blanche chez Tenessee Williams, pour Don Juan, « la mort,
l’antidote c’est le désir »…
Don Juan,
homme de désir.
Don Giovanni
cherche par tous les moyens à se sentir vivant : il aime la fête, le bon
vin, la chair… que ce soit son amour de
la table qui le fait dévorer chaque bouchée comme un « ogre » ou
celui des femmes bien sûr, il prend tous les risques pour vivre pleinement l’instant.
Cet instant de désir qui seul, le fait
vibrer. « Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes
inexplicables ».
Parce qu’il
a conscience du fait qu’un instant est en soi éphémère, qu’il reconnaît sa
valeur, il se donne entièrement pour le savourer. Et ce désir jaillit, rayonne,
pénètre chaque être qui croise sa route. Chacun des personnages sortira
différent de sa rencontre avec Don Giovanni.
Mais
l’instant meurt, alors il faut chercher ailleurs… « Tout le plaisir de
l’amour est dans le changement ».
C’est cette
recherche de la pureté du désir, de la transparence de la vibration qui me
fascine.
Voilà une
question qui parle de l’Être Humain que celle que soulève Don Juan… Comment
faire durer un instant ? Instant de plaisir, de désir, de vie ? C’est
évidemment une lutte impossible et c’est en quoi cette recherche vouée à
l’échec est passionnante et mérite toute notre attention.
A cela
s’ajoute une particularité qui apparaît à ce moment précis de la vie du
personnage : il est interrompu. L’instant de désir est certes voué à
mourir, mais là, il disparaît avant même que Don Giovanni ait pu en goûter la
saveur. Il n’a pas le temps de passer à l’acte, de jouir.
Zerlina lui
sera enlevée par Donna Elvira ; l’orgie qu’il prévoit au final de l’acte I
sera interrompue par Don Ottavio, Donna Anna et Donna Elvira ; l’arrivée de
Masetto interrompt sa séduction de la camériste ; et même son envie de
manger qu’il exprime dès la fin de l’acte I sera sans cesse repoussée jusqu’au
dîner final, fatal.
Oui, « il
semble que le Diable se divertit à contrer tous ces projets »…
Mais Don
Giovanni ne croit pas au Diable, pas plus qu’au Ciel ou au Moine Bourru ;
il croît à la beauté de deux lèvres entrouvertes, à la saveur d’un plat, à
l’ivresse d’un parfum de femme…
C’est ce qui
nous touche et nous donne envie de le découvrir encore et encore.
Photos : Muriel Despiau
PRESSE
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