samedi 6 juillet 2013

Madame Butterfly de Puccini



Théâtre Silvain - Marseille
Août 2012


Direction musicale : L. Selmi et P-L. Landais
Mise en scène : K. Laleu







Avec :
Cio Cio San : M. Clément
Pinkerton : F. Cafiero
Sharpless : C. Rovery
Suzuki : E. Zoldan
Goro : O. Trommenschlager
Le Bonze : R. Talaïa
La cousine-Kate Pinkerton : A. Robinault
Le commissaire impérial-Yamadori : J-M. Jonca










Vidéo : G. Parant







Son : G. Rey
Costumes : Misaya Iodice (Maître Kimono) / Cyrillus









    Maquillage : P. Dissais



NOTE D'INTENTION

« En mer, aux environ de deux heures du matin, par une nuit calme, sous un ciel plein d’étoiles.
Moi, aussitôt arrivé, je me marie…»,
Premiers mots du journal de Pinkerton, officier de la marine Américaine, profitant de son passage au pays du soleil levant pour épouser une jeune japonaise, Madame Butterfly, en attendant le jour où il pourra épouser en « vraies noces » une « vraie » Américaine…
Nous proposons ici une version singulière de l’œuvre, habillée des textes d’origine, ceux de Pierre Loti et David Belasco.
De Madame Chrysanthème de Pierre Loti, j’ai adopté la structure : celle d’un carnet de voyage.
Ainsi, l’exotisme japonisant de l’opéra épouse la vision de cet officier aux accents d’un occidentalisme hermétique.
Loti m’a également inspiré les couleurs, l’esthétique.
J’ai utilisé la pièce anglaise de Belasco, (très proche de la version actuelle de l’opéra et que nous avons faite traduire), en remplacement des récitatifs et passages clés de l’histoire.
Ainsi, le texte est parlé sur la musique.

C’est un opéra de croisement de réalités.
Nous assistons à la non rencontre de deux êtres, projetant chacun leur désir de réalité sur l’autre.
Pinkerton décide d’épouser une « poupée » japonaise, telle qu’il l’a rêvée à partir de figures de paravent et autres « japonaiseries » à la mode en Occident. Il ne pose jamais son regard sur celle qui se trouve réellement en face de lui, ne se donne pas la chance de la voir, n’en a sans doute aucune envie…
Madame Butterfly vit seule sa grande histoire d’amour, plonge dans son rêve sans se retourner ni regarder pleinement son curieux prince charmant.
Lorsque la réalité vient frapper à la porte – qu’elle prenne le visage de proches de Butterfly multipliant les tentatives  de persuasion : il ne reviendra pas ; ou les traces d’amour que Pinkerton perçoit à son retour, la chair se déchire, la douleur est insupportable.
Elle arrache les ailes de la jeune Butterfly qui tombe au sol ; et en donne à l’officier qui fuit de tout son être.
Autant de croisements vains - après le départ de l’officier, les deux époux ne se reverront plus- qui m’ont amenée à travailler le thème du miroir.
Le reflet de la réalité, ce n’est déjà plus la réalité.  De son passage de l’autre côté du miroir, un être se brise.

La vidéo est utilisée pour éclairer l’Inconscient des personnages. Portant le carnet de Pinkerton au premier acte, elle se déforme et se fend aux deuxième et troisième actes, reflétant l’état intérieur de la jeune Butterfly, sur le fil de sa brisure.

Au fil de l’eau, celui de l’encre ou du sang, les êtres se creusent et se révèlent ;
leur destin  se trace…





Photos : Muriel Despiau








PRESSE










Les chroniques de Benito Pelegrin
"A l'exception des beaux kimonos japonais (Misaya Iodice), face à la banalité peu protocolaire des vêtements des Américains, la scénographie, loin de tout vérisme, est conceptuelle et minimaliste : un cube comme siège, un autre plus grand symbolisant le promontoire de Nagasaki d’où Butterfly guette le retour du navire, et un cube plus grand pour la maison, écran à des ombres chinoises sinon japonaises, et aux projections vidéos. Bref, pour moi, une solitude carrée sur des univers clos : lui, enclos dans ses certitudes de supériorité arrogante d’une puissance américaine émergeante impérialement, elle, éclose apparemment à la modernité occidentale, mais enclose et rattrapée jusqu’au suicide par la tradition —papillon épinglé— qu’elle avait cru fuir en faisant un pas, un faux-pas, vers sa culture à lui, embrassant sa religion et reniant la sienne (on ignore que Nagasaki, grâce à la mission française, était un haut lieu du christianisme  pourtant réprimé au Japon). Le passage du chœur à bouche fermée, descendant la pente arborée du fond de scène avec ces grandes lanternes et d’une belle poésie tout comme l’illumination irréelle des bosquets."






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